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La Suisse ne va pas laisser la France gagner sans rien faire
20.05.16 - Entretien. Ancien international suisse, Fabio Celestini a aussi défendu les couleurs de Troyes et de l’Olympique de Marseille. L’ex-milieu de terrain est désormais l’entraîneur de Lausanne-Sport en Challenge League (deuxième division suisse). Il nous livre ses pronostics pour l’Euro.
La Suisse se retrouve dans le groupe de la France pour cet Euro. Qu’est-ce que cela inspire à l’ancien joueur de la Nati, de Troyes et de l’OM que vous avez été ?
Cela nous est souvent arrivé d’être dans la même poule que les Français, notamment aux Euros 2004 et 2008. C’est toujours sympa de se retrouver face à nos voisins, même si ce n’était jamais facile, la France disposant d’une super équipe.
Le dernier match France - Suisse (victoire 5-2 des Bleus, lors du Mondial 2014 au Brésil) ne laisse pas un souvenir impérissable dans le camp helvétique...
Non, effectivement, mais il ne faut pas oublier que la France est l’une des meilleures nations de football du monde. Maintenant, la Suisse a prouvé qu’elle avait du talent et les moyens d’inquiéter n’importe qui. On ne doit pas accepter le rôle du petit, mais entrer sur le pelouse dans un esprit conquérant, sans partir vaincu.
Le fait que l’équipe de France joue cet Euro à domicile constitue-t-il un avantage ou un désavantage pour elle ?
Souvent, les pays organisateurs font un très bon tournoi. A mon avis, c’est plutôt un avantage d’évoluer dans des stades que l’on connaît et devant un public acquis à sa cause.
La France a remporté l’Euro 88 et le Mondial 98 qu’elle a disputés à domicile. Comment la Suisse pourra-t-elle lui mettre des bâtons dans les roues ?
La France peut aller au bout... et la Suisse battre précédemment la France, comme elle avait vaincu l’Espagne au Mondial 2010, avant que la Roja ne devienne championne du monde. La Suisse devra tenter de battre la France pour passer le cap de la phase de groupes et faire ensuite le meilleur Euro possible.
Ex-international suisse, vous avez également porté le maillot de Troyes et de l’OM. Quelles sont les principales différences de mentalité entre les Suisses et les Français ?
Les Français savent qu’ils sont bons et sont animés d’une grosse confiance en eux, ce qui n’est de loin pas notre cas. Nous, les Suisses, avions toujours l’impression d’être petits et plus faibles que les autres. Nous nourrissions un complexe face aux grands. Maintenant, la mentalité a changé dans la nouvelle génération, qui est confiante. Elle a bénéficié d’un autre système de formation.
Qu’est-ce qui a changé ?
A mon époque, on venait un peu tous du football de rue, de petits clubs de villages. On avait grimpé les échelons sur le tas, sans bénéficier de toute cette préparation, de ce suivi qui permet de mieux gérer les situations où la pression est énorme, comme lors des grandes compétitions.
Actuellement, les cadres de l’équipe nationale ont suivi la filière des équipes juniors et sont passés par les sélections régionales et internationales. Les jeunes joueurs suisses évoluent quasiment tous à l’étranger, dans les grands championnats. Ils se montrent dès lors beaucoup plus irrévérencieux que nous l’étions et ne ressentent du coup plus cette sensation d’infériorité qui était la nôtre, lorsque l’équipe n’était pas animée de la conviction que l’on pouvait gagner les gros matches.
Et pourtant, vous brilliez en club...
En effet, nous n’avions pas ce sentiment en club ! Ni Patrick Müller à Lyon, ni Alex Frei à Rennes, ni Johann Vogel au PSV Eindhoven ou moi-même à l’OM ne ressentions cette pression négative. Avec Marseille, je n’ai jamais eu l’impression d’être le petit ! Idem à Troyes, Levante ou Getafe. On allait se battre contre n’importe qui, sur n’importe quel terrain, sans arrière-pensée, alors qu’avec l’équipe nationale on avait toujours ce sentiment d’infériorité. Ce n’est heureusement plus le cas aujourd'hui. Je pense que les gars se voient aussi forts que l’équipe de France.
Propos recueillis par Marc Fragnière
Cela nous est souvent arrivé d’être dans la même poule que les Français, notamment aux Euros 2004 et 2008. C’est toujours sympa de se retrouver face à nos voisins, même si ce n’était jamais facile, la France disposant d’une super équipe.
Le dernier match France - Suisse (victoire 5-2 des Bleus, lors du Mondial 2014 au Brésil) ne laisse pas un souvenir impérissable dans le camp helvétique...
Non, effectivement, mais il ne faut pas oublier que la France est l’une des meilleures nations de football du monde. Maintenant, la Suisse a prouvé qu’elle avait du talent et les moyens d’inquiéter n’importe qui. On ne doit pas accepter le rôle du petit, mais entrer sur le pelouse dans un esprit conquérant, sans partir vaincu.
Le fait que l’équipe de France joue cet Euro à domicile constitue-t-il un avantage ou un désavantage pour elle ?
Souvent, les pays organisateurs font un très bon tournoi. A mon avis, c’est plutôt un avantage d’évoluer dans des stades que l’on connaît et devant un public acquis à sa cause.
La France a remporté l’Euro 88 et le Mondial 98 qu’elle a disputés à domicile. Comment la Suisse pourra-t-elle lui mettre des bâtons dans les roues ?
La France peut aller au bout... et la Suisse battre précédemment la France, comme elle avait vaincu l’Espagne au Mondial 2010, avant que la Roja ne devienne championne du monde. La Suisse devra tenter de battre la France pour passer le cap de la phase de groupes et faire ensuite le meilleur Euro possible.
Ex-international suisse, vous avez également porté le maillot de Troyes et de l’OM. Quelles sont les principales différences de mentalité entre les Suisses et les Français ?
Les Français savent qu’ils sont bons et sont animés d’une grosse confiance en eux, ce qui n’est de loin pas notre cas. Nous, les Suisses, avions toujours l’impression d’être petits et plus faibles que les autres. Nous nourrissions un complexe face aux grands. Maintenant, la mentalité a changé dans la nouvelle génération, qui est confiante. Elle a bénéficié d’un autre système de formation.
Qu’est-ce qui a changé ?
A mon époque, on venait un peu tous du football de rue, de petits clubs de villages. On avait grimpé les échelons sur le tas, sans bénéficier de toute cette préparation, de ce suivi qui permet de mieux gérer les situations où la pression est énorme, comme lors des grandes compétitions.
Actuellement, les cadres de l’équipe nationale ont suivi la filière des équipes juniors et sont passés par les sélections régionales et internationales. Les jeunes joueurs suisses évoluent quasiment tous à l’étranger, dans les grands championnats. Ils se montrent dès lors beaucoup plus irrévérencieux que nous l’étions et ne ressentent du coup plus cette sensation d’infériorité qui était la nôtre, lorsque l’équipe n’était pas animée de la conviction que l’on pouvait gagner les gros matches.
Et pourtant, vous brilliez en club...
En effet, nous n’avions pas ce sentiment en club ! Ni Patrick Müller à Lyon, ni Alex Frei à Rennes, ni Johann Vogel au PSV Eindhoven ou moi-même à l’OM ne ressentions cette pression négative. Avec Marseille, je n’ai jamais eu l’impression d’être le petit ! Idem à Troyes, Levante ou Getafe. On allait se battre contre n’importe qui, sur n’importe quel terrain, sans arrière-pensée, alors qu’avec l’équipe nationale on avait toujours ce sentiment d’infériorité. Ce n’est heureusement plus le cas aujourd'hui. Je pense que les gars se voient aussi forts que l’équipe de France.
Propos recueillis par Marc Fragnière
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Illustration/Photo: eq imagesEn savoir plus