L'article
Le religieux sur le terrain, danger ou atout ?
20.05.16 - Foi et football. Au sein d’une même équipe cohabitent souvent des footballeurs aux croyances différentes, qui n’hésitent pas à parler de leur foi à leurs coéquipiers et à le manifester devant les spectateurs et les caméras. Le football serait-il donc un modèle réussi d’intégration religieuse ? Ou observe-t-on au contraire des excès, qui devraient être canalisés par une laïcité plus rigoureuse ?
L’Algérien Islam Slimani s’était agenouillé en direction de la Mecque après son but égalisateur contre la Russie en 2014. Edinson Cavani, Christian Benteke et d’autres lèvent régulièrement un doigt au ciel après avoir marqué un but. Et les joueurs des pays latins sont nombreux à se signer (selon le rite catholique) avant d’entrer sur le terrain. Cette cohabitation multiethnique et religieuse semble se passer sans heurts notoires.
Les pelouses et les vestiaires de football constitueraient-ils un modèle d’intégration religieuse, à l’heure où les politiques (se) débattent avec des projets de lois pour faire régner la laïcité, notamment dans les entreprises ?
Des salles de prière à Barcelone ou Munich
Les signes religieux sont en tout cas monnaie courante dans les stades. Jean-François Develey, rédacteur en chef adjoint des émissions sportives à la Télévision publique suisse (RTS), confirme la visibilité du religieux sur la planète foot.
Au-delà du noyau évangélique de l’équipe brésilienne de 2002 et des joueurs catholiques, il observe que certains musulmans se mettent eux aussi à prier avant le début des matches. «Des salles de prière ont même été installées dans les stades, à Barcelone et à Madrid par exemple». Le Français Franck Ribéry, converti à l’islam, avait demandé et obtenu l’installation d’une salle de prière pour les joueurs et fans musulmans du Bayern Munich. Le club aurait financé 85% de l’investissement, les joueurs et les fans le reste.
Le droit à l’intégrité
Mais pour les joueurs évangéliques, la foi intérieure est plus importante que les signes ostentatoires, défend David Brown, porte-parole du Conseil national des évangéliques de France (CNEF), dont il dirige la commission évangélisation. «Contrairement aux musulmans qui pourraient demander l’installation d’une salle de prière, le croyant évangélique vit sa foi sans avoir besoin d’aménagements. Ses convictions, il cherche à les vivre dans son comportement : l’honnêteté et l’intégrité par exemple, lui semblent plus importants que les manifestations extérieures et visibles».
Foi et superstition ne sont jamais très éloignées
Pour Vincent Duluc, journaliste sportif à L’Equipe, auteur de plusieurs livres sur le football et commissaire de l’exposition Divinement Foot (lire encadré) tout comme pour David Brown, ces signes ne peuvent pas tous être mis dans le même sac. Ils jugent en effet que foi et superstition ne sont jamais très loin. «Les joueurs prient pour que le match se déroule bien, pour qu’ils soient épargnés des blessures et parfois même pour l’équipe adverse», détaille le journaliste à L’Equipe. Certains le font sincèrement, d’autres sans doute aussi par superstition.
Les stars de ballon rond parlent volontiers de leur foi
Il n’empêche, les artistes du ballon rond hésitent rarement à exprimer leurs croyances sur et hors des terrains. Pour Vincent Duluc, les joueurs évoquent leur foi surtout lorsqu’ils sont blessés. «Elle apparaît comme un soutien à l’heure où ils ont disparu des vestiaires, des médias et qu’il leur arrive de ressentir un vide». Dans les vestiaires aussi, les habitudes ont changé. On accepte ce qui était sans doute impensable il y a dix ou vingt ans : que les joueurs musulmans se douchent vêtus d’un caleçon.
(...)Les pelouses et les vestiaires de football constitueraient-ils un modèle d’intégration religieuse, à l’heure où les politiques (se) débattent avec des projets de lois pour faire régner la laïcité, notamment dans les entreprises ?
Des salles de prière à Barcelone ou Munich
Les signes religieux sont en tout cas monnaie courante dans les stades. Jean-François Develey, rédacteur en chef adjoint des émissions sportives à la Télévision publique suisse (RTS), confirme la visibilité du religieux sur la planète foot.
Au-delà du noyau évangélique de l’équipe brésilienne de 2002 et des joueurs catholiques, il observe que certains musulmans se mettent eux aussi à prier avant le début des matches. «Des salles de prière ont même été installées dans les stades, à Barcelone et à Madrid par exemple». Le Français Franck Ribéry, converti à l’islam, avait demandé et obtenu l’installation d’une salle de prière pour les joueurs et fans musulmans du Bayern Munich. Le club aurait financé 85% de l’investissement, les joueurs et les fans le reste.
Le droit à l’intégrité
Mais pour les joueurs évangéliques, la foi intérieure est plus importante que les signes ostentatoires, défend David Brown, porte-parole du Conseil national des évangéliques de France (CNEF), dont il dirige la commission évangélisation. «Contrairement aux musulmans qui pourraient demander l’installation d’une salle de prière, le croyant évangélique vit sa foi sans avoir besoin d’aménagements. Ses convictions, il cherche à les vivre dans son comportement : l’honnêteté et l’intégrité par exemple, lui semblent plus importants que les manifestations extérieures et visibles».
Foi et superstition ne sont jamais très éloignées
Pour Vincent Duluc, journaliste sportif à L’Equipe, auteur de plusieurs livres sur le football et commissaire de l’exposition Divinement Foot (lire encadré) tout comme pour David Brown, ces signes ne peuvent pas tous être mis dans le même sac. Ils jugent en effet que foi et superstition ne sont jamais très loin. «Les joueurs prient pour que le match se déroule bien, pour qu’ils soient épargnés des blessures et parfois même pour l’équipe adverse», détaille le journaliste à L’Equipe. Certains le font sincèrement, d’autres sans doute aussi par superstition.
Les stars de ballon rond parlent volontiers de leur foi
Il n’empêche, les artistes du ballon rond hésitent rarement à exprimer leurs croyances sur et hors des terrains. Pour Vincent Duluc, les joueurs évoquent leur foi surtout lorsqu’ils sont blessés. «Elle apparaît comme un soutien à l’heure où ils ont disparu des vestiaires, des médias et qu’il leur arrive de ressentir un vide». Dans les vestiaires aussi, les habitudes ont changé. On accepte ce qui était sans doute impensable il y a dix ou vingt ans : que les joueurs musulmans se douchent vêtus d’un caleçon.
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Illustration/Photo: gepa-picturesEn savoir plus