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Kim Phuc: «Le pardon m’a permis de survivre»
26.02.20 - Dans un monde plein de conflits, certaines victimes sortent du lot et offrent une leçon d’humanité. Victime des bombardements au Napalm durant la Guerre du Vietnam, Kim Phuc parcourt désormais le monde pour promouvoir le pardon et la réconciliation.
Des générations entières se souviennent de la photo d’une petite fille courant, nue, pour échapper aux bombardements de Napalm lors de la tristement célèbre Guerre du Vietnam. Nous sommes en 1972. La photo a fait le tour du monde. Elle a même offert le prix Pulitzer à son auteur, Nick Ut. Mais combien connaissent l’histoire derrière la photo, celle de Kim Phuc, une petite fille de neuf ans à l’époque des faits?
La «petite fille de la photo» doit sa survie au sang-froid du photographe, lequel l’a immédiatement emmenée à l’hôpital après avoir pris le fameux cliché. Laissée pour morte à la morgue, elle est retrouvée trois jours plus tard par ses parents partis à sa recherche. Lorsqu’ils découvrent leur fille, elle respire encore. Kim Phuc passera seize mois, couchée, pour se remettre des graves brûlures qui recouvrent une grande partie de son corps.
«Personne ne va jamais m’aimer»
Ce n’est d’ailleurs qu’à sa sortie d’hôpital que la jeune Vietnamienne découvre la photo qui l’a rendue célèbre. «Je l’ai haïe et j’ai eu honte, ce d’autant plus que mes frères et cousins présents sur la photo avaient encore leurs vêtements», confie-t-elle aujourd’hui. «Mais mon rapport à ce cliché a changé lorsque j’ai donné naissance à mon premier enfant, en 1994. Je regardais sans cesse cette petite fille en détresse que j’avais été. Puis je me suis dit: il me faut absolument faire quelque chose pour protéger mon bébé et tous les enfants du monde afin qu’ils n’aient pas à souffrir de la même façon. Du coup, cette photo est devenue une force puissante pour la paix.»
Durant son adolescence, c’était tout autre chose. Kim Phuc a longtemps eu l’impression que les gens n’avaient d’yeux que pour ses cicatrices. «Je faisais de terribles cauchemars, avec le sentiment que je ne pourrais jamais être aimée. Ce n’est plus le cas, mais la douleur reste très vive; un exemple, je ne peux toujours pas me gratter.»
Le régime l’exploite pour sa propagande
A l’âge de dix-neuf ans, Kim Phuc se lance dans des études de médecine. Le régime vietnamien découvre que son histoire peut servir à la propagande anti-occidentale et l’oblige à sans cesse s’absenter de ses cours pour divers interviews et reportages, au point où elle doit mettre un terme prématuré à ses études. Kim Phuc est révoltée.
Heureusement pour elle, elle réussit ensuite à se faire envoyer à Cuba pour poursuivre ses études en pharmacologie.
Durant cette période, elle en veut à beaucoup de monde. Aux autorités d’abord, lesquelles l’empêchent d’accomplir son rêve. Aux militaires, ensuite, qui ont marqué son corps à tout jamais et dont les souffrances rappellent les méfaits au quotidien. La liste de ses «ennemis» est longue. Au point où elle pense même brièvement à mettre fin à ses jours.
La «petite fille de la photo» doit sa survie au sang-froid du photographe, lequel l’a immédiatement emmenée à l’hôpital après avoir pris le fameux cliché. Laissée pour morte à la morgue, elle est retrouvée trois jours plus tard par ses parents partis à sa recherche. Lorsqu’ils découvrent leur fille, elle respire encore. Kim Phuc passera seize mois, couchée, pour se remettre des graves brûlures qui recouvrent une grande partie de son corps.
«Personne ne va jamais m’aimer»
Ce n’est d’ailleurs qu’à sa sortie d’hôpital que la jeune Vietnamienne découvre la photo qui l’a rendue célèbre. «Je l’ai haïe et j’ai eu honte, ce d’autant plus que mes frères et cousins présents sur la photo avaient encore leurs vêtements», confie-t-elle aujourd’hui. «Mais mon rapport à ce cliché a changé lorsque j’ai donné naissance à mon premier enfant, en 1994. Je regardais sans cesse cette petite fille en détresse que j’avais été. Puis je me suis dit: il me faut absolument faire quelque chose pour protéger mon bébé et tous les enfants du monde afin qu’ils n’aient pas à souffrir de la même façon. Du coup, cette photo est devenue une force puissante pour la paix.»
Durant son adolescence, c’était tout autre chose. Kim Phuc a longtemps eu l’impression que les gens n’avaient d’yeux que pour ses cicatrices. «Je faisais de terribles cauchemars, avec le sentiment que je ne pourrais jamais être aimée. Ce n’est plus le cas, mais la douleur reste très vive; un exemple, je ne peux toujours pas me gratter.»
Le régime l’exploite pour sa propagande
A l’âge de dix-neuf ans, Kim Phuc se lance dans des études de médecine. Le régime vietnamien découvre que son histoire peut servir à la propagande anti-occidentale et l’oblige à sans cesse s’absenter de ses cours pour divers interviews et reportages, au point où elle doit mettre un terme prématuré à ses études. Kim Phuc est révoltée.
Heureusement pour elle, elle réussit ensuite à se faire envoyer à Cuba pour poursuivre ses études en pharmacologie.
Durant cette période, elle en veut à beaucoup de monde. Aux autorités d’abord, lesquelles l’empêchent d’accomplir son rêve. Aux militaires, ensuite, qui ont marqué son corps à tout jamais et dont les souffrances rappellent les méfaits au quotidien. La liste de ses «ennemis» est longue. Au point où elle pense même brièvement à mettre fin à ses jours.
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Illustration/Photo: © istockphoto