L'article
Jésus est-il vraiment ressuscité?
26.02.20 - Pâques: La croyance en la résurrection du Christ est en recul. qui y croit encore et que signifie le message de Pâques aujourd’hui? Résultats et analyse d’un sondage exclusif, réalisé par l'institut Link.
Plus que Noël, Pâques est la fête la plus importante de l’année chez les chrétiens. Elle célèbre la mort de Jésus sur la croix et sa résurrection, voici presque deux mille ans.
Fable ou récit historique? Un peu plus d’un quart des Suisses (25,7%) croient que Jésus-Christ est physiquement ressuscité. C’est ce qu’indique un sondage exclusif de l’institut Link pour le Quart d’heure pour l’essentiel. En 2012, cette même question avait déjà été posée et 30% des sondés avaient répondu par l’affirmative, contre 32,5% en 2007. Petit à petit, cette croyance fondatrice du christianisme s’érode, mais reste malgré tout largement partagée. «Ces chiffres ne sont pas surprenants. Ils traduisent un phénomène de sécularisation qui se constate dans de nombreuses autres études. C’est un joli baromètre de la sécularisation de la Suisse», indique Philippe Gonzalez, sociologue des religions.
Les jeunes y croient plus
que les aînés
Les hommes et les femmes sont strictement à parité à croire en la résurrection du Christ, mais les hommes sont plus nombreux que les femmes à ne pas y croire tandis que les femmes ont plus tendance que les hommes à affirmer ne pas savoir. Les personnes les plus âgées (60-79 ans) sont celles qui affirment le moins y croire, mais aussi les plus nombreuses à dire ne pas savoir. Sur cette question, la disparité est assez élevée entre la campagne (où un tiers des sondés déclarent croire en la résurrection miraculeuse de Jésus) et les villes ou agglomérations (où moins de 24%). Cette croyance en la résurrection est légèrement plus répandue en Suisse alémanique qu’en Suisse romande. Le relativisme est plus marqué de ce côté-ci de la Sarine.
«Les grands récits chrétiens sont en train de disparaître progressivement du paysage suisse», déclare Philippe Gonzalez. Si les évangéliques restent très majoritaires à y croire (environ 90%), pour le sociologue cette tendance touche tous les milieux. «La transmission familiale de la foi a presque complètement disparu», analyse-t-il. Pour Philippe Gonzalez les chiffres relativement faibles de la croyance en la résurrection «physique» du Christ chez les catholiques et les réformés (voire infographie) s’explique par la figure du «croyant non-pratiquant». Néanmoins, pour lui, ces chiffres ne sont pas nécessairement le reflet d’une piété personnelle. «On peut croire en une résurrection sans que cela ne fasse de différence dans la vie quotidienne. Mais quelles sont les croyances qui font une différence?»
Que signifie la résurrection?
Le sondage portait également sur la signification de la résurrection du Christ. Parmi les quatre propositions: «le pardon de nos fautes et l’accès à la vie éternelle», «un symbole d’espérance pour l’humanité», «les deux à la fois» ou «je ne sais pas», les avis sont plus partagés qu’en 2007. Cette année-là, pour une large majorité, la résurrection du Christ était un symbole d’espérance pour l’humanité (62%), un Suisse sur cinq n’en savait pas la signification (19,5%), pour 13%, cela signifiait le pardon des fautes et l’accès à la vie éternelle quand une minorité pensait que c’est à la fois un symbole et l’accès à la vie éternelle.
En 2020, aucune proposition ne se détache clairement. Près d’un quart des individus déclarent ne pas connaître la signification de la résurrection à Pâques, un chiffre qui monte à un tiers des sondés en Suisse romande. Pour un peu plus d’un tiers des personnes interrogées, la résurrection est symbole d’espérance. Un peu plus d’un quart des sondés associent la résurrection du Christ à la fois à un symbole et au pardon des péchés. Enfin une minorité (11%) adhère à la signification chrétienne historique de cet événement surnaturel: le pardon des fautes et l’accès à la vie éternelle.
Pour le théologien Claude Baecher, «le sondage établissant un lien entre la résurrection et le pardon n’est pas neutre. Dans la dimension chrétienne, le pardon est un moyen et non un objectif. L’objectif, c’est une vie transformée, une espérance pour l’humanité» (lire aussi en page 14).
Un quart de la population convaincu
«Il y a un déclin global de la foi historique, qui professe que ce que dit le Christ est vrai et un effondrement de la culture chrétienne en général», note Christian Kuhn, secrétaire général du Réseau évangélique suisse, l’organisation faîtière des protestants évangéliques. Il déplore également un «appauvrissement» - dans toutes les tendances du christianisme- des réalités historiques de la vie de Jésus et de la connaissance biblique. «Le rapport à la foi et au religieux est en train de changer», analyse le pasteur qui parle de contexte «post-chrétien».
Pour Claude Baecher, l’un des problèmes aujourd’hui en Europe, «c’est que l’acceptation ou le refus massif est lié à ce que l’institution Eglise a pu commettre comme abus au cours des siècles, au nom du dogme.»
Un quart des Suisses continuent pourtant de croire en la résurrection du Christ. Cela encourage Christian Kuhn à discuter de ces thématiques avec ses contemporains, mais selon lui, l’approche positive ne doit pas masquer la réalité de la sécularisation. «La lecture de ces chiffres entraîne en moi un bouillonnement intérieur. Le monde doit savoir que Jésus est mort et ressuscité pour tous», indique Olivier Fleury, initiateur du mouvement «Jesus Celebration 2033». Il se dit enthousiaste à l’idée de partager cette «bonne nouvelle» à d’autres. «Cela m’encourage à être témoin d’une vie transformée, car Jésus est seulement à une prière de distance de chacun».
David Métreau
Fable ou récit historique? Un peu plus d’un quart des Suisses (25,7%) croient que Jésus-Christ est physiquement ressuscité. C’est ce qu’indique un sondage exclusif de l’institut Link pour le Quart d’heure pour l’essentiel. En 2012, cette même question avait déjà été posée et 30% des sondés avaient répondu par l’affirmative, contre 32,5% en 2007. Petit à petit, cette croyance fondatrice du christianisme s’érode, mais reste malgré tout largement partagée. «Ces chiffres ne sont pas surprenants. Ils traduisent un phénomène de sécularisation qui se constate dans de nombreuses autres études. C’est un joli baromètre de la sécularisation de la Suisse», indique Philippe Gonzalez, sociologue des religions.
Les jeunes y croient plus
que les aînés
Les hommes et les femmes sont strictement à parité à croire en la résurrection du Christ, mais les hommes sont plus nombreux que les femmes à ne pas y croire tandis que les femmes ont plus tendance que les hommes à affirmer ne pas savoir. Les personnes les plus âgées (60-79 ans) sont celles qui affirment le moins y croire, mais aussi les plus nombreuses à dire ne pas savoir. Sur cette question, la disparité est assez élevée entre la campagne (où un tiers des sondés déclarent croire en la résurrection miraculeuse de Jésus) et les villes ou agglomérations (où moins de 24%). Cette croyance en la résurrection est légèrement plus répandue en Suisse alémanique qu’en Suisse romande. Le relativisme est plus marqué de ce côté-ci de la Sarine.
«Les grands récits chrétiens sont en train de disparaître progressivement du paysage suisse», déclare Philippe Gonzalez. Si les évangéliques restent très majoritaires à y croire (environ 90%), pour le sociologue cette tendance touche tous les milieux. «La transmission familiale de la foi a presque complètement disparu», analyse-t-il. Pour Philippe Gonzalez les chiffres relativement faibles de la croyance en la résurrection «physique» du Christ chez les catholiques et les réformés (voire infographie) s’explique par la figure du «croyant non-pratiquant». Néanmoins, pour lui, ces chiffres ne sont pas nécessairement le reflet d’une piété personnelle. «On peut croire en une résurrection sans que cela ne fasse de différence dans la vie quotidienne. Mais quelles sont les croyances qui font une différence?»
Que signifie la résurrection?
Le sondage portait également sur la signification de la résurrection du Christ. Parmi les quatre propositions: «le pardon de nos fautes et l’accès à la vie éternelle», «un symbole d’espérance pour l’humanité», «les deux à la fois» ou «je ne sais pas», les avis sont plus partagés qu’en 2007. Cette année-là, pour une large majorité, la résurrection du Christ était un symbole d’espérance pour l’humanité (62%), un Suisse sur cinq n’en savait pas la signification (19,5%), pour 13%, cela signifiait le pardon des fautes et l’accès à la vie éternelle quand une minorité pensait que c’est à la fois un symbole et l’accès à la vie éternelle.
En 2020, aucune proposition ne se détache clairement. Près d’un quart des individus déclarent ne pas connaître la signification de la résurrection à Pâques, un chiffre qui monte à un tiers des sondés en Suisse romande. Pour un peu plus d’un tiers des personnes interrogées, la résurrection est symbole d’espérance. Un peu plus d’un quart des sondés associent la résurrection du Christ à la fois à un symbole et au pardon des péchés. Enfin une minorité (11%) adhère à la signification chrétienne historique de cet événement surnaturel: le pardon des fautes et l’accès à la vie éternelle.
Pour le théologien Claude Baecher, «le sondage établissant un lien entre la résurrection et le pardon n’est pas neutre. Dans la dimension chrétienne, le pardon est un moyen et non un objectif. L’objectif, c’est une vie transformée, une espérance pour l’humanité» (lire aussi en page 14).
Un quart de la population convaincu
«Il y a un déclin global de la foi historique, qui professe que ce que dit le Christ est vrai et un effondrement de la culture chrétienne en général», note Christian Kuhn, secrétaire général du Réseau évangélique suisse, l’organisation faîtière des protestants évangéliques. Il déplore également un «appauvrissement» - dans toutes les tendances du christianisme- des réalités historiques de la vie de Jésus et de la connaissance biblique. «Le rapport à la foi et au religieux est en train de changer», analyse le pasteur qui parle de contexte «post-chrétien».
Pour Claude Baecher, l’un des problèmes aujourd’hui en Europe, «c’est que l’acceptation ou le refus massif est lié à ce que l’institution Eglise a pu commettre comme abus au cours des siècles, au nom du dogme.»
Un quart des Suisses continuent pourtant de croire en la résurrection du Christ. Cela encourage Christian Kuhn à discuter de ces thématiques avec ses contemporains, mais selon lui, l’approche positive ne doit pas masquer la réalité de la sécularisation. «La lecture de ces chiffres entraîne en moi un bouillonnement intérieur. Le monde doit savoir que Jésus est mort et ressuscité pour tous», indique Olivier Fleury, initiateur du mouvement «Jesus Celebration 2033». Il se dit enthousiaste à l’idée de partager cette «bonne nouvelle» à d’autres. «Cela m’encourage à être témoin d’une vie transformée, car Jésus est seulement à une prière de distance de chacun».
David Métreau
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Illustration/Photo: © istockphoto