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Distants mais attachés aux valeurs chrétiennes

Distants mais attachés aux valeurs chrétiennes
 
Appartenance nécessaire?
Le désintérêt dʼune majorité de concitoyens pour les communautés relève de plusieurs éléments, analyse Ralph Kunz: «Appartenir à la communauté religieuse nʼest pas nécessaire. Elle peut être sollicitée, mais les offres sont si peu attrayantes que lʼon préfère rester seul. Oui pour les valeurs, non pour la communauté.» Ce paradoxe est pour Laurent Amiotte-Suchet le signe dʼune sécularisation: «Les hôpitaux, les écoles, les maisons de retraite et même les clubs de sport étaient gérés par les deux principaux groupes religieux que sont les catholiques et les protestants réformés. Cʼest de moins en moins le cas.» Le sociologue poursuit: «Combien de fois jʼai entendu des gens dire: “Je sais que je suis chrétien, mais ne me demandez pas si je suis catholique ou protestant.” Beaucoup de gens se sentent proches de certaines confessions mais refusent dʼêtre des paroissiens classiques.»
Emmanuel Maennlein, pasteur et conférencier, y voit quelque chose de très positif: «Contrairement à ce quʼon pourrait croire, beaucoup de personnes ne sont pas hostiles à la personne de Jésus.» Et dʼajouter que ce qui est compliqué «cʼest de faire le lien entre Jésus et lʼEglise».

Une majorité de distanciés
Selon lʼouvrage collectif dirigé par Jörg Stolz Religion et spiritualité à lʼère de lʼego (éd. Labor et Fides), qui classe la pratique religieuse des Suisses en quatre groupes, les distanciés représentent 57% de la population. Ces personnes ne sont pas étrangères aux conceptions religieuses ou spirituelles mais elles ne sont pas au centre de leur vie. «Les distanciés sont attachés à lʼhistoire et à lʼhéritage», déclare Laurent Amiotte-Suchet. «Cʼest à mon sens là que se joue la différence entre ceux qui approuvent les valeurs chrétiennes et ceux qui pratiquent une foi en communauté.»
Ralph Kunz voit dans cette mise à distance des Suisses avec les communautés religieuses un défi à relever pour celles-ci. «On pourrait également lire le fait que la moitié des personnes interrogées nʼont pas de foyer religieux comme une incitation à rendre leur propre communauté plus hospitalière.» Le pasteur Emmanuel Maennlein ajoute: «LʼEglise doit se réinventer et surtout travailler sa communication, et montrer autre chose, qui existe déjà, mais nʼest pas connu du grand public. Les gens sont très attachés aux fêtes chrétiennes, qui commémorent, à lʼorigine, des épisodes de la vie de Jésus.»

Signe qui ne trompe pas, à Noël, les Eglises se remplissent. Pasteur dʼune Eglise évangélique à Morges, Bob Davet explique le succès du brunch de Noël de sa communauté par une recherche de relations et dʼamour pour la centaine de personnes qui se joignent aux participants réguliers. «Je pense quʼelles sont intéressées à mettre un peu de spiritualité ou de valeurs chrétiennes dans leur vie.»
Le personnage de Jésus reste donc apprécié. Mais les personnes interrogées plébiscitent les cercles quʼils connaissent le mieux. Ainsi, les identités familiale, nationale, professionnelle ou de loisirs supplantent lʼidentité religieuse. Pour que cela change, libre à chacun dʼoser franchir la porte dʼune Eglise ou dʼun temple et découvrir ce qui sʼy vit.

David Métreau

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