L'article
«Mon père a décidé de sortir de ma vie»
09.03.15 - Pardon. Ilana a 14 ans lorsque son père coupe les liens. La jeune femme entreprend alors un long chemin, du rejet jusqu’au pardon. Témoignage.
«Tu ne vaux rien, ta vie sera un échec!». Le père d’Ilana coupe tous les liens avec elle alors qu’elle n’a que 14 ans. Cela fait déjà neuf ans que ses parents sont divorcés et que son père n’a jamais vraiment assumé son rôle. «Ce jour-là, donc, il m’a dit que j’étais maintenant adolescente et que je pouvais me passer de lui». Il déménage et coupe les liens.
Ilana continue à lui écrire des lettres, auxquelles il ne répond que brièvement, avec distance. «Avec le temps, il a commencé à critiquer ma mère. Il était également jaloux de la relation que j’avais développée avec mon grand-père. En fait, il ne voulait pas voir la réalité en face: c’est lui-même qui s’était retiré de ma vie». Il devient froid et agressif dans ses paroles envers sa fille. «Quand on a 14 ans, on ne comprend pas cela», se souvient Ilana.
A 21 ans, Ilana décide de ne plus chercher le contact avec son père. «Pour me protéger», explique-t-elle. «J’ai à ce moment-là littéralement jeté tout ce qui venait de lui: lettres, vêtements, cadeaux...» Ce n’est pas vraiment de la colère; Ilana veut «se donner le droit de vivre».
Un nouveau père
«Pendant des années, je n’étais plus allée à l’Eglise avec ma mère. Lorsqu’à 18 ans j’y suis retournée pour la première fois, le thème de la prédication était “Dieu est un père pour toi!”. Cela m’a profondément touchée». Ilana se tourne vers Dieu. Depuis ce jour, elle se reconstruit personnellement. «J’ai travaillé à attribuer le rôle de père à Dieu. Qu’est-ce qu’un père? A quoi ça sert?»
Avec du recul, elle pense qu’elle n’aurait pas pu pardonner à son père par ses propres forces, sans l’amour et le pardon offerts par Jésus. Pour Ilana, la mort de Jésus sur une croix est un sacrifice marquant, qui donne aussi l’exemple: le fils de Dieu est mort pour pardonner à des hommes qui l’ont rejeté. «On ne peut que vouloir pardonner, quand on voit ce que Jésus a fait pour nous.»
En chemin vers la réconciliation
Quand Ilana a 26 ans, son père reprend contact avec elle. «Il m’a expliqué avoir changé et mûri. Il avait “pris conscience” qu’il avait une fille de 25 ans». Elle lui rend visite, redécouvre son père. «Nous avons vécu de belles choses ensemble. Mais lorsque je lui ai dit que je lui pardonnais, il s’est mis dans une colère folle.»
Le contact est à nouveau rompu jusqu’à la fin 2013. Ilana a 32 ans. «Comme j’avais eu mon diplôme, je voulais le lui partager. Mais je lui ai dit que sans signe de sa part, ce serait ma dernière lettre, que je le laisserais tranquille.»
Ilana est surprise lorsqu’une lettre de son père lui arrive trois semaines plus tard. «Il m’a remerciée de lui avoir montré mon diplôme. Rien que la carte, ce signe de vie, était déjà énorme pour moi.»
Chacun son rythme
Depuis ce jour-là, Ilana apprend à parler à son père. «Lui pardonner était une étape. Ne pas le forcer à faire de même immédiatement en est une autre». Ilana accepte que son père n’aille pas au même rythme dans sa démarche de pardon mutuel. «Je n’attends pas plus que ce que je sais qu’il peut me donner. Et je l’accepte tel qu’il est.»
René Progin
Ilana continue à lui écrire des lettres, auxquelles il ne répond que brièvement, avec distance. «Avec le temps, il a commencé à critiquer ma mère. Il était également jaloux de la relation que j’avais développée avec mon grand-père. En fait, il ne voulait pas voir la réalité en face: c’est lui-même qui s’était retiré de ma vie». Il devient froid et agressif dans ses paroles envers sa fille. «Quand on a 14 ans, on ne comprend pas cela», se souvient Ilana.
A 21 ans, Ilana décide de ne plus chercher le contact avec son père. «Pour me protéger», explique-t-elle. «J’ai à ce moment-là littéralement jeté tout ce qui venait de lui: lettres, vêtements, cadeaux...» Ce n’est pas vraiment de la colère; Ilana veut «se donner le droit de vivre».
Un nouveau père
«Pendant des années, je n’étais plus allée à l’Eglise avec ma mère. Lorsqu’à 18 ans j’y suis retournée pour la première fois, le thème de la prédication était “Dieu est un père pour toi!”. Cela m’a profondément touchée». Ilana se tourne vers Dieu. Depuis ce jour, elle se reconstruit personnellement. «J’ai travaillé à attribuer le rôle de père à Dieu. Qu’est-ce qu’un père? A quoi ça sert?»
Avec du recul, elle pense qu’elle n’aurait pas pu pardonner à son père par ses propres forces, sans l’amour et le pardon offerts par Jésus. Pour Ilana, la mort de Jésus sur une croix est un sacrifice marquant, qui donne aussi l’exemple: le fils de Dieu est mort pour pardonner à des hommes qui l’ont rejeté. «On ne peut que vouloir pardonner, quand on voit ce que Jésus a fait pour nous.»
En chemin vers la réconciliation
Quand Ilana a 26 ans, son père reprend contact avec elle. «Il m’a expliqué avoir changé et mûri. Il avait “pris conscience” qu’il avait une fille de 25 ans». Elle lui rend visite, redécouvre son père. «Nous avons vécu de belles choses ensemble. Mais lorsque je lui ai dit que je lui pardonnais, il s’est mis dans une colère folle.»
Le contact est à nouveau rompu jusqu’à la fin 2013. Ilana a 32 ans. «Comme j’avais eu mon diplôme, je voulais le lui partager. Mais je lui ai dit que sans signe de sa part, ce serait ma dernière lettre, que je le laisserais tranquille.»
Ilana est surprise lorsqu’une lettre de son père lui arrive trois semaines plus tard. «Il m’a remerciée de lui avoir montré mon diplôme. Rien que la carte, ce signe de vie, était déjà énorme pour moi.»
Chacun son rythme
Depuis ce jour-là, Ilana apprend à parler à son père. «Lui pardonner était une étape. Ne pas le forcer à faire de même immédiatement en est une autre». Ilana accepte que son père n’aille pas au même rythme dans sa démarche de pardon mutuel. «Je n’attends pas plus que ce que je sais qu’il peut me donner. Et je l’accepte tel qu’il est.»
René Progin
Réactions
Crédits
Illustration/Photo: © Alliance Presse