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Le porno, un substitut à la relation humaine

Le porno, un substitut à la relation humaine
 
04.02.10 - La pornographie a tout d’une drogue. En consommer, c’est en vouloir rapidement plus jusqu’à en dépendre. Ses grands dangers : elle affecte la personnalité de ses consommateurs et dissocie la sexualité de la relation entre deux partenaires
«La pornographie est malsaine parce qu’elle réduit les personnes à leur sexe», résume à Genève le théologien Eric Fuchs. «Elle nie la relation au sens profond du terme et n’engage à rien. Les sites, d’ailleurs, se visitent. Il n’y a là aucune expression d’un amour, d’une tendresse, d’une promesse ; c’est vide. C’est le contraire d’un partage qui se construit, qui suppose un engagement envers quelqu’un et qui requiert du temps, une notion d’ailleurs bien mise à mal dans notre société.»



Les images, clips et films pornographiques humilient de surcroît la femme, réduite à un véritable objet de plaisir, relève le théologien. Et ils transforment les internautes en voyeurs. «Nous avons là une sorte d’abêtissement de la personne humaine. L’homme et la femme ont certes des pulsions, mais ils doivent les mettre au service d’une relation vraie, au profit d’une sexualité vécue et féconde». Dans les images et les films pornographiques, aucune affection, estime ou considération réciproque. L’amour est réduit à la stricte utilisation des parties génitales.



Une mémoire marquée au fer rouge


«La pornographie détruit la personnalité de celles et ceux qui s’y adonnent», lui fait écho le thérapeute familial français Bertrand Audéoud. Parce qu’«elle marque au fer rouge leur mémoire, détruit leurs relations et entrave l’éclosion de rapports sains et profonds entre eux et un partenaire». Si la pornographie procure un plaisir fort en déclenchant l’épinéphrine, une hormone dans le cerveau, cet effet est décuplé quand l’image est associée à la masturbation. «Et cette masturbation compulsive provoque une très mauvaise estime de soi.»



Chiffres éloquents


La pornographie est pourtant le produit le plus recherché sur internet. Les 260 millions de pages qui existent sur le sujet rendent de plus en plus de personnes «accro» : selon des compagnies américaines de filtrage internet - N2H2, Internet Filter Review, ComScore Media Metrix - les chiffres sont éloquents : deux hommes sur trois et une femme sur trois sont concernés.



«Les pornographes ont deux publics-cibles : les 12-15 ans et les 50 ans et plus», relève le thérapeute. «Les premiers car une fois harponnés, ils seront clients à vie et les seconds parce qu’ils ont de l’argent, une libido sur le déclin et parce que ce qu’ils ne vivent plus à la maison, ils vont le chercher ailleurs.»


A l’image de la drogue, son consommateur y recourt de plus en plus fréquemment jusqu’à entrer dans une spirale sordide : «Du soft, on passe rapidement au hard», met en garde Bertrand Audéoud. La dépendance est alors comparable à celles qu’entraînent l’alcool ou les drogues dures et peut nécessiter un véritable sevrage.



Retrouver la relation


«Il est important que les gens comprennent que la pornographie est un leurre de l’intimité. Que celle-ci n’existe que là où notre être profond est connu et aimé comme il est. Et cette intimité vraie demande un face à face réel, exige une relation entre deux personnes», martèle Bertrand Audéoud. «La sexualité a ceci d’intime qu’elle se passe toujours entre deux personnes. Et elle devrait toujours s’inscrire dans une histoire, où la tendresse et la douceur sont présentes. L’amour, ce n’est pas du spectacle !»

Sortir de la dépendance



Aux consommateurs de pornographie dégoûtés, honteux ou fatigués de cette dépendance, le thérapeute familial français Bertrand Audéoud leur dit: «il est possible d’en sortir, mais ce n’est pas facile». Il détaille les premières étapes d’un tel processus.

1. Il s’agit premièrement d’appliquer un vieux principe biblique: «Si ton œil t’amène sans cesse à faire des choses que tu regrettes, débarrasse-t’en!»; c’est-à-dire supprimer les situations qui mettent en contact avec la pornographie, quitte à employer les grands moyens pendant un temps, comme par exemple renoncer à internet à la maison.



2. En parler à une personne de confiance. La présence d’un tiers est déterminante pour s’en sortir. L’idée est de rendre des comptes et de bénéficier d’un soutien sur la durée.



3. «Confessez donc vos fautes les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris», promet la Bible. Arriver à le confesser devant témoin est une étape clé, pour les chrétiens. Elle est accessible à chacun.



4. La consommation de pornographie relève d’un déficit relationnel. Il est donc utile d’effectuer un travail en profondeur pour les identifier et régler ce déficit.




Gabrielle Desarzens

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