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Pourquoi le mariage est indémodable

Pourquoi le mariage  est indémodable
 
04.02.10 - Les cérémonies de mariage ne sont pas passées de mode, bien au contraire. C’est leur sens qui a beaucoup changé. La religion n’est plus qu’une motivation parmi d’autres, même quand on s’unit à l’église
Les chiffres sont formels : le mariage a de beaux jours devant lui. C’est la signification qu’on lui donne qui a beaucoup changé. Auparavant, on entrait dans le couple par le moyen du mariage. C’était une institution. Aujourd’hui, Madame et Monsieur Tout-le-Monde entrent dans le couple progressivement. On vit davantage dans le présent, se demandant si son partenaire est «le bon» ou si l’on est prêt à s’engager. La vie à deux s’installe jusqu’au moment où l’idée d’un engagement légal fait surface. «Depuis un demi-siècle, le mariage a connu un bouleversement complet», résume le sociologue Jean-Claude Kaufmann, auteur de L’étrange histoire de l’amour heureux et de plusieurs études sur le couple.



C’est un projet de vie


Qu’est-ce qui donne envie de se marier, malgré les taux de divorce élevés ? Plusieurs raisons se profilent. La première est que pour beaucoup, le mariage concrétise un projet de vie. «Il symbolise le changement d’identité et de chapitre dans la vie familiale. On a envie de s’engager vis-à-vis de l’avenir. Les enfants sont souvent l’une des raisons premières. On se marie peu avant ou peu après», explique Jean-Claude Kaufmann.

Un certain pragmatisme est aussi lié à cette décision : l’assurance d’un cadre juridique et social adéquat. L’âge entre en ligne de compte : un couple qui se forme à la cinquantaine y songera plus rapidement. Plus jeunes, les femmes y pensent souvent en premier. Pour Jean-Claude Kaufmann, elles sont «en première ligne» et s’engagent corps et âme dans la famille. Ce désir est aussi lié à la conscience de leur horloge biologique. Selon un sondage Top Santé/Harris Interactive mené auprès de Françaises et paru le 20 janvier, 67% des femmes croient que l'amour, dans l'absolu, dure toute la vie.



Au final, on voit le mariage «en grand»


La deuxième raison est liée à la coutume, à la tradition que représente le rite du mariage. «La cérémonie est à la mode», note Jean-Claude Kaufmann. «Une fête marque aussi un moment symbolique, avec un poids culturel fort.»

Le sociologue observe une évolution symptomatique dans la manière d’organiser la fête : «Au début, beaucoup s’imaginent une fête très personnelle, originale. Puis on en discute avec ses proches et au final, il faut que cela soit un “vrai” mariage !». C’est aussi pour cela que l’on retrouve le rituel de l’église même chez ceux qui ne sont pas croyants.

L’économie qui s’est développée autour de ces cérémonies se porte d’ailleurs comme un charme. Les «Salons du mariage» organisés ci et là en témoignent.



Le mariage, une expression de l’amour


La troisième raison est celle avancée le plus souvent : une façon d’affirmer son amour mutuel, malgré un discours ambiant affirmant que le mariage n’ajoute rien à l’amour vécu. Selon le sondage Top Santé/Harris Interactive, l'engagement dans le couple se concrétise, pour les femmes, par le fait de vivre ensemble avant tout (33%), par un enfant à 10% et par le mariage à 10%. Mais par contraste, selon une étude de l’INSEE en France, 49% des futurs mariés indiquent qu’il s’agit pour eux du «seul engagement valable en matière de couple».

Pour Anne-Laure Ganac de Psychologie magazine, le mariage symbolise le lien et le romantisme. Un tiers des mariages se solde par un divorce en France, rappelle-t-elle, mais l’attachement populaire au mariage est «un pied de nez à cette fragilité. Cela démontre un optimisme forcené, indispensable pour débuter une relation de couple.»

Le mariage résiste donc, car il a évolué et s’est adapté aux mœurs. On peut rappeler que le pacs a fait son entrée et offre une alternative. En France, on dénombre un pacs pour deux mariages. En Suisse, où il ne concerne que les couples de même sexe, il reste une forme d’union marginale. Chacun attribue au mariage une portée symbolique très personnelle, y appliquant ses préférences, ses valeurs et son expérience de vie.

Un point sur le mariage religieux
Dans une société de plus en plus laïcisée, le mariage religieux a-t-il encore sa place ? Leur nombre a clairement baissé dans les pays à l’Ouest du continent. Alfred Dittigen, dans L’évolution des rites religieux dans l’Europe contemporaine, y voit trois raisons : la sécularisation, qui signifie le recul du religieux traditionnel, la diversification religieuse induite par l’immigration et enfin le développement du divorce.Certains renoncent à vivre la cérémonie religieuse, voyant dans ce choix une forme d’hypocrisie si l’on n’a pas la foi.

Pourtant, bon nombre de couples tiennent encore à cette forme. Elle est souvent liée à l’aspect traditionnel : «Pour moi, le mariage à l’église est un symbole», confie ce blogueur. «Même si je ne suis pas croyant, je me marierais aussi à l’église, car ça sera dans le domaine du folklore : la traine, le riz, les cloches, la marche nuptiale». Pour d’autres, se marier à l’église relèvera du domaine du «sacré», ce qui intensifiera la valeur de l’union. Pour les croyants, la cérémonie religieuse a une grande importance, souvent plus grande que la cérémonie civile. Elle signifie une union devant Dieu et bénie par lui.

Natacha Horton

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